vendredi 24 février 2012

L’Islande mystérieuse des elfes et des trolls.

 

Oser la rencontre avec les elfes, les trolls et autres créatures féériques d’Islande, au-delà de ce que notre imaginaire fertile peut concevoir, nous amène à débarquer sur les rivages incertains où naturel et surnaturel se confondent et à voyager par delà la surface du visible. Découvrir l’Islande en compagnie de ces hôtes insolites nous permet d’explorer la part de mystère que notre raison n’explique pas, mais que nos sensations et notre intuition nous révèlent, dans un corps à corps de vérité avec la nature et les forces originelles de la terre si expressives en ces lieux. 


 Perdue au cœur de l’océan nordique, une contrée de vent, de rêve et de bruine, l’Islande -littéralement  la « Terre de glace », est née de la rencontre de la mer et du feu, à la jonction des plaques tectoniques entre l’Amérique et l’Europe… Une île que les puissances telluriques façonnent chaque jour, donnant naissance à des paysages titanesques ; falaises déchiquetées, déserts de glaces, glaciers fumants, cascades de géants,  geysers, fumerolles, champs de lave croustillants…. Une île qui se joue à lancer des éruptions volcaniques capables de stopper le trafic aérien du monde pendant plusieurs jours. Une île où les elfes, trolls et autre créatures surnaturelles ne pouvaient se sentir plus à l’aise !

Selon les Sagas et le Landnamabok, les elfes et les trolls existaient bien avant l’arrivée des premiers vikings au IXème siècle. D’après l’Edda de Snorri[1], dont Tolkien s’est inspiré pour écrire le Seigneur des Anneaux, ces « nains » seraient nés avec la création du monde de la chair du géant Ymir (la terre). L’historien parle de l’existence d’elfes de lumière et d’elfes de l’ombre, dont les trolls font partie, mais aussi d’elfes sombres, qui ne sont ni bons ni mauvais,  et qui sont aujourd’hui assimilés à une autre catégorie d’êtres invisibles, les huldufolk  (les gens cachés). Dans ces récits sans age, la frontière entre le réel et l’imaginaire est si floue que la légende ne se distingue plus de l’histoire. Pour les Islandais qui lisent ces ouvrages dans le texte –leur langue ayant très peu changé depuis des siècles, les elfes et les trolls sont, au même titre que les vikings dont ils sont les descendants, un élément constitutif de leur culture et leur identité.

 


Dans une Islande essentiellement rurale, du moins jusqu’au milieu du 20éme siècle, l’histoire des familles est étroitement liée aux lieux qu’elles occupent. Chaque région, chaque seigneurie, chaque ferme possède ses propres entités telluriques que la tradition orale, relayée par une précoce et solide tradition écrite, a transmis de génération en génération jusqu’à nos jours. Il n’est pas un sommet, une rivière, une vallée ou une grotte dont le nom n’évoque quelque histoire ou quelque personnage surnaturel. La terre islandaise est un livre de contes où la géographie locale se lit sur le mode fantastique : Trollkonuhlaup signifie par exemple les bonds de la femme-troll,  Trollkirkja - l’église des trolls, Helgafell - la colline sacrée, Alfholl, la colline des elfes,  Draugarett - l’enclos des fantomes, Dimmuborgir - la forteresse sombre, Godasteinn  la pierre de Dieu, ou encore Godafoss , la cascade des Dieux, avec ses 12 m de hauteur et 60m de large, l’une des plus impressionnantes cascades du pays… Une exubérance toponymique qui trahit la fertilité de l’imaginaire populaire.

La proportion de gens qui « fricotent » avec le surnaturel n’est pas supérieure à la moyenne des pays occidentaux. Seulement ici, on parle du surnaturel avec le plus grand naturel, et les pages du magazine national Morgunbladid  publient régulièrement des « histoires à dormir debout » très sérieuses. Les Islandais affirmeront rarement qu’ils « croient » ou « ne croient pas ». Ils préfèrent laisser le bénéfice au doute, au cas où… Pour preuve, ces blocs de rochers ou des montagnes réputés « habités par des êtres invisibles » que la Compagnie Nationale des Routes a choisi de contourner, comme à Kopavogur dans la banlieue de Reykjavik, suite à des accidents inexpliqués ou des pannes récurrentes sur les chantiers. Des médiums sont parfois sollicités pour entendre les doléances des elfes. La plupart du temps, ces derniers n’exigent pas l’arrêt des travaux, mais demandent seulement d’être prévenus à temps pour pouvoir chercher un autre lieu de vie et déménager...

Aujourd’hui, à l’heure où la majorité des Islandais a migré en ville, les elfes ont également suivi le mouvement. C’est souvent à la zone de jonction entre le monde naturel et le monde culturel, au carrefour du connu et de l’inconnu, que l’on trouve le plus de présence et d’histoires fabuleuses. Ainsi, tout ce qui, en zone urbaine, évoque peu ou prou la nature - rocher moussu, carré d’herbe, bloc de pierre ou terrain vague, se révèle souvent propice à l’observation. Il est  recommandé, en ville comme à la campagne, de ne pas troubler les sites « habités », d’être respectueux des lieux et en particulier de ne jamais couper l’herbe qui pousse en touffe sur le dessous des buttes, sous peine de grand malheur.

Certains sites sont privilégiés parmi d’autres. Ainsi, le quartier d’Hafnafjördur, dans la banlieue sud de Reykjavik, est particulièrement connu pour l’importante communauté d’elfes  qu’il abrite. Des visites guidées permettent de parcourir - carte du site dessinée par la médium Erla Stefansdottir à l’appui, les rues, les jardins et les collines de la ville sur la trace des êtres invisibles. On découvre ici un rocher où l’on raconte que les gémissements d’un bébé invisible ont encouragé une passante à lui offrir du lait;  là, qu’une mère et sa fille ont entendu, sans la voir, une carriole débouler la pente de leur allée. Les elfes seraient venus s’excuser la nuit suivante dans leurs rêves, pour le bruit qu’ils avaient occasionnés par ce déménagement intempestif. Plus loin, on apprend qu’une sage-femme a été appelée dans son rêve à la rescousse d’une maman elfe habitant à coté d’une rivière, et qu’en se réveillant le  lendemain matin, celle-ci avait le bas de sa chemise de nuit trempée ! Les histoires de la sorte sont innombrables et ne choquent personne. Cela constitue le quotidien.
Quoique les récits soient souvent datés et localisés avec précision, nombreux thèmes, comme celui de la femme en couche, des bébés qui manquent de lait ou des disparitions inexpliquées le soir de noël… reviennent de façon récurrente d’un bout à l’autre du pays. Il y a des lieux communs, même dans le monde surnaturel et les elfes répondent, peu ou prou, à l’image que le temps, les esprits et l’imaginaire ont forgé. D’après l’image la plus couramment répandue en Islande, les elfes sont des personnages de petite taille - environ celle d’un enfant de 6 ans,  dotés d’un visage et d’une forme humaine, habillés à l’ancienne et ayant le même genre d’activité et de préoccupations que les humains. Ceux-ci habitent principalement les rochers, les trous, les arbres ou tout autre lieu de nature à leur dimension, et s’y attachent fortement.  Ils sont plutôt végétariens et catholiques - alors qu’étonnamment les Islandais sont protestants, et ont un cycle de vie plus long que le notre. Ils sont généralement neutres ou bienveillants à l’égard des humains, à condition de ne pas être offensés. Ils se manifestent soit directement, de préférence aux enfants ou aux personnes clairvoyantes, soit par l’intermédiaire des rêves. Ils interviennent souvent pour demander de l’aide , comme par exemple réclamer de la nourriture en période de disette, ou pour en apporter aux humains -sauver un enfant en péril, garder les troupeaux ou offrir quelques présents utiles.
 Ces cadeaux, offerts à des humains sont parfois visibles et attestent, pour ainsi dire, de la véracité des faits.  Ainsi le prêtre de la paroisse de Breidabolstadur arbore un calice offert par des elfes aux humains censé guérir leurs maux, ou le gardien du musée de Skogar, dans le sud du pays, connu pour ces alignement de petites maisons aux toits d’herbe, présente fièrement dans sa vitrine un peigne, une paire de ciseau et une épingle à cheveux qu’une elfe a offert à une fermière pour la remercier de l’avoir aidée et pour lui prouver son existence.



Alors que les elfes s’accommodent volontiers de la présence des hommes, les trolls , eux, préfèrent les montagnes reculées et sauvages de l’intérieur, ainsi que les hautes falaises en bord de mer. En Islande, les trolls ne sont pas des nains, mais des êtres gigantesques -personnifications effrayantes des forces incontrôlées de la nature, qui peuvent franchir d’un bond gorges et vallées pour commettre leurs larcins et voler des moutons. Mais les trolls craignent la lumière et se transforment en pierre s’ils se font attraper par le jour. L’histoire raconte que les cinq pics émergeant au large de la plage de Dyrholey, sur la côte sud, se seraient formés lorsqu’un couple de trolls nocturnes, cherchant à remorquer son trois-mâts à terre, se serait fait prendre de vitesse par l’aube. Sur l’horizon la silhouette des deux géants trainant leur bateau témoigne de cet épisode.  Pour Gudrun Bergmann, passionnée d’ésotérisme et écrivain installée au pied du volcan du Snaefellsjökull[2], les trolls seraient plutôt des géants au sens symbolique du terme, c’est à dire des êtres plus imposants par leurs pouvoirs magiques que par leur taille. Son géant préféré est le héros semi-légendaire Bardur Snaefellsas, un grand chaman qui, à sa mort, entra dans la légende sous les traits d’un géant et donna son nom au lieu. 

Qu’il s’agisse d’elfes, de trolls, de « huldufolk »  ou de tout autre être invisible relié aux forces de la terre, l’important n’est pas tant de s’accorder sur son apparence ou sur sa réalité physique, mais de constater qu’aux yeux des Islandais, celui-ci « existe ». Pour Thorunn Kristin Emilsdottir, une médium reconnue pour sa clairvoyance,  la seule différence entre ces êtres et nous, est leur densité matérielle : « Les êtres cachés ont une vibration légèrement inférieure à la notre. C’est pour cela que la plupart des gens ne peuvent les voir. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’existent pas » explique-t-elle.  « Croire aux elfes ne veut rien dire. On ne croit pas à une pierre ou à une fleur. La fleur et la pierre sont ! Il en est de même pour les elfes». Pour Gudrun Bergmann, « les êtres cachés sont des formes d’énergie transparentes et lumineuses plus ou moins denses, qui ne sont pas encore matière. Libre à chacun ensuite d’y voir une forme ou une autre et de les personnifier à sa façon !  Il ne s’agit pas tant de vouloir à tout prix voir les elfes ou autres êtres surnaturels apparaître à la surface des rochers, mais bien plutôt de se mettre à l’écoute et de faire corps avec la nature, afin de laisser venir à soi… ce qui doit venir » conseille-t-elle avec sagesse.

Bien sur, cette vision du monde reste difficilement recevable pour nos mentalités. Mais peut-être ne faut-il pas prendre les choses au pied de la lettre. Nos yeux, fatigués par trop de télévision et de réel, ne savent plus voir. En Islande, où la nature encore pure et inaltérée porte la vie à fleur de peau,  il n’est pas étonnant de pouvoir ressentir une force de reconnexion particulière et des sensations inconnues. Au bout de quelques jours de tempêtes, de déserts, de volcan, de vent, de beauté et de silence, les sens s’aiguisent et la perception s’affine. Peu à peu, il semble que là, où l’empreinte de l’homme n’a pas encore tout altéré, où l’énergie et la pensée circule sans entrave, où la nature parle son propre langage originel, nos sens atrophiés puissent à nouveau espérer retrouver la faculté de voir, de sentir, de percevoir ce qui jusque là demeurait invisible.




Où voir des elfes et des trolls.
Il existe des cartes en Islande qui répertorient les lieux habités par les Elfes et les Trolls. 

Voici quelques pistes pour les trouver. Merci  de me dire à votre retour si vous avez fait des rencontres!


·         Reykjavik et environs :
-          rocher de Kopavegur que contourne la route principale,
-          Hellisgerdi (le jardin sacré) d’ Hafnafjordur et les rochers de la ville.
·         Sellfoss, sur la rivière öfusa, plusieurs rochers évoquent l’histoire de la troll Jora qui dévorait hommes et bêtes, jusqu’à ce qu’un jeune homme parvienne à la tuer d’un coup de hache entre ses deux épaules. Selon la prophétie, à l’endroit où cette hache, emportée par la rivière, finirait sa course, serait créé le parlement (Thingvellir).
·         Thingvellir, sur l’öxara (rivière de la hache), où se tint effectivement l’Althing, premier parlement européen en 930. Site grandiose, situé sur la faille médio-atlantique s’écartant de 2 cm par an, riche en multiples légendes.
·         Gullfoss, l’une des cascades les plus impressionnantes d’Islande, porte la légende d’un homme qui aimait tant une femme qui se trouvait de l’autre coté du torrent qu’il finit par le traverser au péril de sa vie. Impressionnée, elle l’aima et l’épousa...
·         Geysir, le lieu dit des geysers dans le triangle d’or ;  Strokkur, le petit geyser qui jaillit tout les 6 à 15mn et Geysir, le grand, qui a repris son activité depuis le dernier tremblement de terre en 2002. A coté, une des rares forêts d’Islande (Haukadalur) et une petite église qui abrite en son cimetière la tombe du géant Berthor. L’anneau sur la porte de l’église serait celui qui coiffait la canne du géant.
·         Hruni, petit hameau célèbre pour sa légende selon laquelle un soir de Noël le prêtre, faisant ripaille avec ses « fidèles » au lieu de faire la messe, fut englouti avec son église.  Depuis, l’église telle qu’on la voit, a été construite en hauteur.
·         Le volcan Hekla, qui domine l’ensemble du paysage par beau temps est considéré comme l’un des points énergétiques essentiels (chakra) de l’Islande, et le siège de nombreuse éruptions dont celle de 1947 particulièrement forte. Bien sur de nombreuses histoires s’y rattachent comme celle du prêtre de Kirkjabaejarklaustur qui arrêta la lave par ses prières en 1783,  ou celle des deux sœurs trolls de Bjolfell et Burfell qui donnèrent leurs noms aux montagnes. On se souvient également dans cette région de la formidable éruption du volcan sous glacière de l’Eyjafjödul qui en mars 2010  paralysa la circulation aérienne durant plusieurs jours, et plus récemment ( mai 2011) de  celle du Grimsvötn , moins médiatisée, mais tout aussi impressionnante.
·         Breidabolsstadur, (nord) dont l’église abrite le magnifique calice (de facture française) que les elfes auraient offerts aux hommes. Les gens viennent encore y tremper leurs lèvres dans l’espoir de guérir. A deux pas Hlidarendi est réputé pour avoir été la patrie de Gunnar le héros de la Saga de Njal.
·         Région de Eyjafjall jusqu’à Vik (sud),  impressionnante pour ces montagnes déchiquetées et les nombreuses grottes classées monuments historiques, dont celle de Drangshlid ou Rutshellir, habités par des elfes gardiens de troupeau.
·         Skogar, formidable chute d’eau au sud, derrière laquelle se trouve un coffre à trésor, dont seule la poignée a pu être récupérée et est exposée au musée de Skogar.
·         Dyrholey et ses gigantesques falaises, dont le célèbre rocher dans la mer Reynisdranga évoquant les trolls tirant leur navire. A coté, ne pas manquer l’église de Reyni, construite par un elfe malin.
·         Skaftaffel au pied du Vatnajökull, réserve naturelle réputée pour sa forêt, abrite une femme troll bienveillante à l’égard des hommes et gardienne des arbres.
·         La Région de Höfn, au sud du pays, traversée par les rivières glacières, dont celle de Jökulsarlon avec ces icebergs, est le domaine des magiciens ainsi que des esprits des naufragés sur la cote.
·         Les Fjords de l’est, incroyablement sauvages, sont le domaine de prédilection des fantômes et des esprits d’êtres disparus, ainsi celui de la fille du pasteur d’Holmar, enlevée par un géant nommé Skrudur, vivant dans le gros rocher qui émerge entre Reydarfjördur et Fraskrudfjördur, le fjord des français (cf. Pécheurs d’Islande de P.Loti)
·         La région de Borgardfjördur  est particulièrement réputée pour ses elfes, surtout « Alfaborg »,  le  Rocher des elfes ,  qui  abrite l’une des plus importantes communautés d’elfes du pays, à coté du village de Bakkagerdi. On trouve également dans ce village une fabrique de bijoux fait à partir de pierres d’elfes.
·         Asbyrgi, le bastion des Dieux (les Ases nordiques), magnifique vallée encaissée (réserve naturelle) en forme de fer à cheval où l’un des huit sabots du cheval d’Odin aurait touché terre.
·         Le lac Myvatn attire les visiteurs pour ses champs de lave, parfois encore fumants et les étranges formes qui l’entourent comme à Dimmuborgir (la forteresse sombre).
·         Godafoss (la cascade des dieux) appelée ainsi en souvenir des idoles de dieux nordiques que Thorgeir, le représentant du parlement, y jeta en l’an 1000 pour confirmer le choix du Christianisme comme religion officielle pour les Islandais.
·         Dans les fjords du Nord-ouest démesurément isolés, les histoires de fantômes, de sorciers, de magiciens et de guérisseurs sont légions. (cf. musée de Holmavik).
·         Les falaises de Latrabjarg (444 m de haut) représentent le point de terre le plus occidental d’Europe. Elles sont réputées pour leurs trolls qui causaient la mort des cueilleurs d’œufs d’oiseaux, jusqu’à ce que soit conclu un pacte leur accordant leur propre territoire appelé Heidnabjarg (les falaises impies) où aucun chrétien ne doit s’aventurer.
·         La péninsule du Sneafellsness avec son célèbre volcan qui la domine est connue depuis des temps lointains pour son intense puissance énergétique et ses lieux sacrés.
·         A Helgafell (la colline sacrée), il est d’usage de gravir la pente qui mène au sommet  sans se retourner ni prononcer une parole, et de regarder ensuite vers l’est en faisant trois vœux.
·         A Djupalonsandur, se trouvent une « Trollkirka » (église de Troll), tout comme à Londrangar (rocher solitaire) qui possède en plus une bibliothèque où se concentre toute la mémoire des trolls.
·         Enfin à Arnastapi, une immense  statue évoque le héros Bardur, et au pied du volcan on découvre Songhellir (la grotte chantante) où il effectuait ses rituels sacrés.




[1] Snorri Sturluson, célèbre historien du XIIème siècle

[2] Sneafellsjökull, le célèbre  volcan mis en scène par Jules Verne dans « Voyage au Centre de la terre »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire