Comment venir en aide à un animal sauvage
« La grande
lacune de l'éthique jusqu'à présent est qu'elle croyait n'avoir affaire qu'à la
relation de l'homme à l'égard des humains. Mais en réalité, il s'agit de son
attitude à l'égard de l'Univers et de toute créature qui est à sa portée.
L'homme n'est moral que lorsque la vie en soi, celle de la plante et de
l'animal aussi bien que celle des humains, lui est sacrée, et qu'il s'efforce
d'aider dans la mesure du possible toute vie se trouvant en détresse ».
Albert
Schweitzer
Avec le printemps, arrive le temps des nichées et des petits oiseaux, souris, écureuils ou hérissons tombés du nid ou perdus hors de leur terrier. Quand nous rencontrons l’un deux, à l’orée d’une forêt, sur le bord de la route ou dans notre jardin, piaillant timidement devant notre chat qui, lui aussi vient de sortir en courant, quelque chose de notre âme d’enfant s’éveille et notre premier réflexe est de voler au secours du pauvre petit être qui appelle ses parents…Même si l’intention est louable et mérite d’être cultivée, prendre l’animal en détresse dans ses bras et le ramener chez soi n’est pas forcément la meilleure solution pour lui.
lire la suite dans le dernier numéro d'Alliance N°32
Que faire quand on trouve un animal blessé.
D’une
façon générale, la loi interdit de garder ou d’élever un animal sauvage chez
soi… mais parfois, quelques jours de soin ou de calme peuvent suffire à un
animal pour retrouver du poil de la bête. L’important est de bien suivre le
conseil des spécialistes et de téléphoner au centre de soin le plus proche, ne
serait-ce que pour les premiers conseils (liste détaillée sur http://secours-faunesauvage.fr ou http://uncs.chez.com).
J’ai trouvé une jeune chouette ou un jeune hibou…
Les chouettes et les hiboux de quelques semaines sortent du nid bien avant
de savoir voler. Loin d’être abandonnés, ils dorment souvent au pied d’un arbre
durant le jour et, la nuit venue, émettent des cris qui permettent à leurs
parents de les repérer et de les alimenter. Au cours de cette phase
d’émancipation indispensable à leur développement (qui peut durer quelques
jours), ils apprendront à voler puis à chasser, accompagnés par leurs parents.
A faire : Le mieux est de laisser l’oisillon sur le lieu où vous l’avez découvert, en
le mettant si nécessaire en hauteur à l’abri des prédateurs (murs, arbres…) et de
rentrer vos animaux domestiques. Seul un danger immédiat, tel que la proximité
d’une route ou la présence immédiate d’un prédateur doit motiver sa prise en
charge. Dans ce cas, installez l’oisillon dans un carton et contactez
immédiatement le centre de sauvegarde de la faune sauvage proche de chez vous (
A ne pas faire : Ne tentez en aucun cas de nourrir ou d’hydrater l’oisillon ou de l’élever
chez vous, même avec la meilleure volonté du monde. Soigner un jeune rapace requiert
des compétences et des structures particulières.
J'ai trouvé un Martinet à terre...
Il faut tout d’abord chercher à savoir s'il s'agit d'un jeune ou d'un adulte.
S’il est entièrement brun sombre, sauf la gorge (claire), il s'agit d'un
adulte. Si ses " plumes de couverture " (par exemple celles qui
couvrent sa tête et son dos) sont bordées d'un liséré blanc, si son front est
clair (et pas seulement sa gorge), il s'agit d'un jeune de l'année. Une fois
tombés à terre, les jeunes ont du mal à s’envoler même si physiologiquement ils
peuvent en être capables. Pour le savoir, il faut que les trois conditions
suivantes soient respectées : que les ailes (fermées) dépassent la longueur de la queue de l’oiseau de plus
de 1,5 cm, que l’oiseau bouge ses deux
ailes de façon symétrique et qu’il pèse entre 40 et 45 g (pour un jeune) et entre 35 et 45 g (pour un adulte)
. S’il pèse moins de 40 gr, c’est qu’il
est encore trop faible, s’il pèse 50 g ou plus, c’est qu’il s’agit d’un jeune
trop nourri qui doit faire une petite diète avant de pouvoir s’envoler (à 45g).
(On peut peser le martinet sur une balance précise du type pèse-lettre, en le
déposant dans une boite vide que l’on aura pesée au préalable pour avoir le
poids juste). Si toutes ces conditions sont remplies, il est possible de tenter
de relâcher l’oiseau soi-même en se plaçant sur une grande pelouse ou sur un
pré bien dégagé (un terrain de foot par exemple) sans obstacles -arbres,
arbustes, murs, poteaux ou câbles à moins de 50 mètres. Si l’oiseau s'envole et prend très vite de la hauteur par
ses propres moyens, c’est que l’opération a réussi. S'il ne s'envole pas, ou
bien s'il retombe au bout de quelques mètres, il doit être récupéré délicatement
et conduit à un centre de sauvegarde. Un Martinet fin prêt pour le départ se
montre agité : il bat fortement des ailes dans son carton ; il cherche à
s'échapper de la main qui le tient. En revanche, s'il reste calme dans la main,
c'est qu'il ne se sent pas lui-même en état de voler. Si d'autres martinets volent
dans le ciel au moment du relâcher, cela peut donner l’occasion au petit
protégé de les rejoindre et d’être pris en charge par le groupe.
A faire et à ne pas faire : Il faut manipuler l’oiseau le moins possible (cela risque d'abîmer son
plumage de façon durable), ne surtout pas lui donner de lait ou de pain (deux
nourritures catastrophiques pour tous les oiseaux), ne pas le placer dans une
cage, mais dans une boîte percée de nombreux trous avec un bon couvercle. Il
est très difficile de nourrir un martinet car celui-ci ne mange dans la nature
que des insectes attrapés en vol. En captivité, il ne réclame pas à manger et
il peut rapidement perdre du poids et entrer en léthargie. Il ne peut être
soigné que par des personnes disposant d'une autorisation spéciale ou par des
personnes motivées avec l’accord du centre de sauvegarde le plus proche.
J’ai trouvé un jeune oiseau des jardins…
Chez de nombreuses espèces, les oisillons volent très mal à leur sortie du
nid et essaient de suivre leurs parents.
Si l’oisillon est emplumé, se tient debout et se déplace, il doit être de
préférence laissé sur place, tout en vaillant à éloigner durablement les animaux
domestiques ou si c’est nécessaire, déplacé à l’abri des dangers (sous un
arbuste, un peu en hauteur…). Le fait de le toucher n’entrainera aucun rejet
des parents. Seul un risque trop élevé sur place doit motiver sa prise en
charge à ce stade de développement. Si l’oisillon semble très jeune, et qu’il
n’est pas ou peu plumé, il devrait normalement se trouver dans son nid et sa présence
au sol est due à un incident de parcours. Dans ce cas, il faut l’installer en
hauteur dans son nid ou dans un nid artificiel, et le surveiller afin d’être
sûr que les parents reprennent en charge l’élevage. Si l’oisillon reste livré à
lui-même, l’installer dans une boite en carton dont le fond est recouvert
d’essuie-tout propre (ne pas utiliser de
tissus ou de coton dans lesquels l’oisillon pourrait s’emmêler les
pattes et se blesser !), le mettre à l’abri dans une pièce au calme, à une
température de 25 à 28 °C (utilisez une bouillotte si besoin), tout en veillant
scrupuleusement à l’absence d’animaux
domestiques. Il est possible de nourrir le petit « à la becquée» avec du steak
haché cru, des vers de farine ou des croquettes pour chat réhydratées dans de
l’eau (sauf pour les pigeons et les tourterelles qui s’alimentent de graines),
en petite quantité et de façon très régulière. En aucun cas, du lait ou du
pain. L’eau contenue dans l’alimentation représente normalement un apport
hydrique suffisant, mais en cas de fortes chaleurs, il est possible d’hydrater
l’oisillon en déposant délicatement une goutte d’eau dans son bec à l’aide de
votre doigt. Ne versez jamais d’eau directement dans le bec, vous risquerez de
noyer l’oisillon en l’étouffant
(attention à ses narines, deux petits trous sur le haut du bec !).
J’ai trouvé un jeune mammifère sauvage…
Chez certaines espèces, tels que les renards ou les écureuils, les jeunes
s’éloignent très tôt du nid. Avant de recueillir un jeune mammifère, même si
cela est très tentant, il faut s’assurer qu’il soit réellement en danger ou
livré à lui-même. Il convient d’intervenir dans le cas où on découvre un jeune
hérisson trouvé en plein jour, un jeune écureuil incapable de se déplacer ou un
jeune mammifère dont la mère est retrouvée morte… Dans ces cas, le mieux est
d’installer le petit animal dans un carton en le protégeant des mouches par un drap
déposé sur le carton. Il faut le tenir au chaud (28°C), à l’aide d’une
bouillotte si nécessaire. Il est possible de l’hydratez délicatement avec de
l’eau sucrée, mais il vaut mieux appeler le centre de soin avant de commencer à
l’alimenter, car chaque cas est différent (selon, l’âge, l’espèce ou la
situation du moment). Ne jamais donner du lait de vache à un jeune mammifère
sauvage !
Dans tous les cas, il s’agit d’apporter son aide pour les premiers soins et
non pas d’élever un animal sauvage chez soi… Avec les conseils et l’accord du
centre, un suivi peut être envisagé sur une durée un peu plus longue.
D’autres moyens de venir en aide à la
faune sauvage.
-
Parrainer un
animal dans un centre pour multiplier les chances de l’équipe de le
sauver, en permettant par exemple, la réalisation d’une opération chirurgicale
lourde que le centre ne pourrait pas assumer autrement. Suivre un animal sur la
voie de la guérison, et participer à son relâcher dans la nature est une
expérience inoubliable.
-
Faire un don pour aider les
centres de soin qui, souvent, travaillent sans subventions. Cet argent donnera
des moyens supplémentaires à l’équipe de bénévoles de soigner, nourrir et
protéger leurs pensionnaires.
-
Devenir
bénévoles sur diverses actions de la LPO (voir n° d’Alliance consacré à de
nombreux projets d’écovolontariat en France et dans le monde) ; soigner
les oiseaux au centre de Buoux ou encore participer au suivi des vautours
moines dans le Verdon.
Précisions sur
le site : http://paca.lpo.fr/soins-animaux
[1] la
loi interdit la détention et l’élevage d’un animal sauvage chez soi
[2] En tout quarante-cinq
centres dont on peut trouver les coordonnées sur http://secours-faunesauvage.fr
[6] Tierno
Bokar (1875-1933), révélé à la France par Théodore Monod a été le fondateur
d’une école coranique important au Mali.
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