Frédérique Pichard
a fait la connaissance de Dony, un
dauphin ambassadeur, libre et sauvage, qu’elle retrouve de port en port, sur la
côte Atlantique, depuis plusieurs années pour nager avec lui. Elle est l'auteur d'un magnifique ouvrage : "Dauphins ambassadeurs, messagers de la mer" (ed. Democratic Books, 2010). Elle nous raconte ici comment elle a fait connaissance avec son ami Dony et comme cette rencontre a bouleversé sa vie.
"Ma première rencontre avec
les dauphins a eu lieu en Polynésie, à Moorea. J'étais accompagnatrice de
voyage. L'hôtel organisait des baignades avec des dauphins en semi-captivité. Je
m'y suis d'abord refusée, je détestais les voir enfermés. Mais un jour, j'ai
entendu une forme d'invitation : une pensée qui disait "Pourquoi ne viendrais-tu
pas nous rencontrer, puisque de toutes façons nous sommes là ?" Je me suis
mise à l'eau et j'ai accueilli l'instant, sans tenter de les toucher. Puis j'ai
croisé le regard de l'un d'eux. J’ai
alors ressenti une émotion volcanique et je me suis mise à pleurer.
« C’est
souvent ce qui arrive lorsqu'on a cette chance », m'a dit le maître nageur.
J'ai vécu ce premier contact comme un réveil, un choc d’amour, un retour à
la source de l’amour originel. A Cuba,
quelques temps plus tard, une deuxième rencontre m'a bouleversée. Je devais
rejoindre un groupe en mer, mais je suis restée rivée sur le quai,
captivée par une dauphine qui me scannait littéralement avec son œil. Il s'est
passé à ce moment-là quelque chose de fondamental que je n'arrive toujours pas
à comprendre, comme si elle avait scellé mon destin à celui des dauphins.
Lisait-elle alors ce qui allait m'arriver ?
Dans les années qui ont
suivi, avant ma rencontre avec Dony,
j'ai progressivement découvert l'immensité de l'espace intuitif. D'abord à
travers mes jumeaux, qui semblaient liés par une télépathie à laquelle ils me
conviaient. Puis dans mon parcours professionnel. Je me suis formée à la
relaxation spécialisée en visualisation créatrice. Le principe : concevoir
une chose par l'imagination, et y penser
si fort que cela augmente la possibilité qu'elle se réalise. C'est ce que l'on
appelle la loi de l'attraction. Ma pratique propose, par le biais du souffle et
du lâcher mental, de contacter des espaces intérieurs infinis. Et de trouver un
état méditatif dont j'ai découvert plus tard qu'il est très proche de celui des
dauphins. Grâce aux électro-encéphalogrammes réalisés par John Lilly[1],
on sait que leur cerveau se trouve la plupart du temps en fréquence d’ondes
alpha. Or c'est par cet état de relaxation qu'ils amènent les êtres à se
retrouver eux-mêmes.
Ma fille Adélie allait
avoir six ans. Je lui avais promis qu’elle irait nager avec les dauphins pour
son anniversaire. Un jour, j’ai appris la présence d'un dauphin solitaire dans
le port de Royan. Nous sommes parties à sa recherche, en vain. Nous nous sommes
alors mises en méditation. Au bout de cinq
minutes, ma fille m’a dit : « Viens, nous ne sommes pas encore
allées par là ! » A côté du quai, il y avait une forme bombée. Le
dauphin se faisait caresser par une petite fille. Tous les soirs, vers huit
heures, il retrouvait les copains qu’il s’était faits dans le port. Nous nous
sommes déshabillées pour rentrer dans l'eau. Et tout doucement, nous nous
sommes approchées de Dony. Le contact s’est établi très vite. J’ai senti qu’il
n’était pas bien. J’ai posé mes mains sur lui.
Il s'est blotti dans mes bras, ce qui est plutôt inhabituel pour un
dauphin. En général, c’est nous qui allons vers eux pour leurs vertus
thérapeutiques. Notre connexion s'est
ainsi établie sur le soin mutuel, dans une joie simple et posée. J’avais
conscience du cadeau que la nature nous offrait. Ma fille et moi avions demandé
quelque chose très fort à l'univers, et c'était arrivé.
Un mois durant, je suis
retournée tous les soirs nager avec Dony, parfois jusqu'à deux heures du matin.
Je ressentais une telle euphorie que je ne dormais plus. J'oubliais la
température de l'eau, l’espace, le temps. Dony se tournait vers le ciel, me
montrait les étoiles. Au départ - c’était un rituel établi - il m’invitait dans
sa danse en me faisant tourner comme dans un mandala, une danse soufi. Je
lâchais tellement le mental qu’une nuit, j’ai entendu un son dans l’océan, un
son de fond très ancré, un son de mémoire originelle, présent en permanence. J’ai appris plus tard,
qu’il existe réellement une fréquence vibratoire que les baleines émettent tous
les ans et à laquelle elles s’accordent toutes.
Durant ce mois passé avec
Dony, je m’amusais à lui donner des rendez-vous télépathiques. Je lui envoyais
l’image mentale du prochain lieu et une heure approximative, tout en éprouvant
fortement la joie que j’avais de le rencontrer. Systématiquement, juste après
être sortie de l’eau, et juste avant de le rejoindre, je pensais très fort au
rendez-vous. C’était une expérimentation et elle s’affinait de plus en plus. A
la fin des vacances, je l’ai prévenu que je ne pourrais plus être aussi
disponible –la rentrée arrivait pour mes enfants - et il est reparti. J’étais
dans un état proche de celui d’une femme
amoureuse. Un jour, j’ai retrouvé Dony à
la Rochelle entouré de centaines de personnes et de pompiers qui voulaient
l’évacuer de façon intrusive. Je lui ai envoyé un message pour lui dire de me
rejoindre à l’ile d’Aix. Il est venu. C’était
tellement précis, je n’avais plus aucun doute. C’est alors que j’ai
décidé de m’engager pour les dauphins ambassadeurs. Durant tout l’été, j’avais
vu Dony aller à la rencontre de tant d'individus, les toucher, leur ouvrir le
cœur. Penser que cette richesse pouvait être
méconnue, par peur ou par ignorance, et que l’on préférait éloigner Dony,
même si je comprenais bien pourquoi, me semblait injuste.
On connaît les dauphins
ambassadeurs depuis l'Antiquité. Ils se
détachent de leur groupe pour aller à la rencontre des humains. Ils seraient
aujourd'hui quatre-vingt dans le monde, dont six ou sept en France. Tous les
étés, ils suivent un vrai programme. Ils
sillonnent les côtes, partout où ils peuvent rencontrer du monde, en Bretagne,
en Vendée, en Normandie… Mon hypothèse est qu'ils ont choisi sciemment de venir
à notre rencontre, tout en continuant à entretenir une relation avec leur
groupe. Un scientifique anglais, Horace Dobbs[2],
70 ans, a côtoyé de nombreux ambassadeurs dans son existence, notamment Jojo,
l’ami de Jacques Maillol (plongeur apnéiste français qui a inspiré la création
du personnage, héros du Grand bleu). Il a fait plusieurs films et créé son
association pour étudier les possibilités de transformation thérapeutique par
la rencontre dauphins-humains, notamment pour les enfants en difficulté. Chaque
fois que je fais des conférences sur ma rencontre avec Dony, où que j'aille, il
y a toujours quelqu’un qui le connait.
Tous ceux qui l'ont croisé se sont
sentis profondément reconnus, aimés inconditionnellement. Le mot gratitude
revient souvent à leur bouche. Ainsi que le sentiment d'avoir reçu un
enseignement fondamental : "Vis l'instant présent ! ". Quand je suis
dans l’eau avec Dony, il n’existe plus rien qu'une sensation de plénitude. Je
fais corps avec les éléments, je me sens enfant de l’univers et confondu à lui.
Cette union de petit soi au grand Soi procure un véritable sentiment d’extase. Peut-être est-ce la vocation de ces dauphins
ambassadeurs que de nous rappeler que nous ne sommes pas séparés de la nature,
que nous sommes reliés aux étoiles que Dony continue de me montrer, mais aussi
au végétal, à l'animal, au minéral…Et qu'il y a juste à écouter et à laisser ce
dialogue d’amour s’instaurer avec tout le vivant qui nous entoure.
L’institut Dony.
Crée
en 2006 avec des parrains impliqués tels Philippe Desbrosse, Gauthier Chapelle,
Edgar Morin … l’Institut Dony avait pour objectif de départ d’observer et de
protéger les dauphins ambassadeurs et de créer une plate forme d’échange entre
scientifiques, intuitifs, artistes… passionnés des dauphins ambassadeurs.
Ensuite, l’idée était de permettre aux personnes à terre de se relier à
l’énergie créatrice des dauphins et de la mer en proposant des stages, des
ateliers et aujourd’hui des rencontres physiques. www.institutdony.com
Dauphins ambassadeurs,
messagers de la mer. Ouvrage de Frédérique Pichard, Ed. Democratic books 2010.
[1] Les
expériences de John Lilly, parfois contestées, ont ouvert des champs
d’investigation insoupçonnés. Son « Testament Spirituel » apparaît
comme un ouvrage de référence dans la compréhension des dauphins.
[2] www.horacedobbs.com et l’opération « sunflower » qui
consiste à évaluer le pouvoir thérapeutique des dauphins.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire